Danse-thérapie

Le corps en mouvement pour retrouver liberté et vitalité.

La danse-thérapie, pratiquée depuis des milliers d'années dans diverses sociétés anciennes, offre une approche puissante pour améliorer notre santé mentale et physique. Cette méthode thérapeutique n'est pas une simple tendance passagère — des études scientifiques confirment ses nombreux bienfaits. Par exemple, un programme de danse thérapie de six semaines peut considérablement améliorer la vitalité et réduire la fatigue chez les patients atteints de cancer.

Aujourd'hui reconnue mondialement, la danse thérapie s'est structurée notamment grâce à la fondation de l'American Dance Therapy Association en 1966, regroupant désormais des praticiens dans plus de quarante pays. Les exercices de danse-thérapie permettent d'explorer et de libérer des émotions refoulées, tout en développant une meilleure conscience corporelle. D'ailleurs, une étude sur des adolescentes souffrant de dépression légère a démontré qu'un programme de 12 semaines modulait favorablement les taux de sérotonine et de dopamine, réduisant ainsi leur détresse psychologique.

Dans cet article, nous explorerons les origines de cette pratique millénaire, ses principes fondamentaux, ses bienfaits pour notre bien-être, ainsi que le déroulement typique d'une séance. Que vous cherchiez à réduire votre stress, à renforcer votre image de soi ou simplement à explorer une nouvelle voie vers le bien-être, la danse-thérapie pourrait vous offrir des outils précieux.

Origines et évolution de la danse-thérapie

Les racines rituelles et culturelles du mouvement

Depuis l'aube de l'humanité, la danse s'est imposée comme un langage universel permettant d'exprimer l'ineffable. Les premières traces connues remontent au paléolithique, notamment dans la grotte "Des trois frères" en Ariège. Dans toutes les civilisations anciennes, la danse était intrinsèquement liée aux rituels de guérison, aux cérémonies religieuses et aux célébrations communautaires. Ces mouvements rythmés servaient à invoquer les divinités, à célébrer les cycles de la vie ou à expulser les maux du corps et de l'esprit.

Cependant, cette fonction thérapeutique s'est partiellement perdue en Occident avec l'avènement des religions chrétiennes au Moyen Âge, puis du cartésianisme au XVIIe siècle. Le corps, désormais considéré comme une entité séparée de l'esprit, perdait sa dimension sacrée au profit d'une vision plus mécaniste.

L'émergence moderne au XXe siècle

C'est au début du XXe siècle qu'une véritable renaissance s'opère, portée par des danseuses novatrices comme Isadora Duncan. Cette dernière, souvent qualifiée de "mère de la danse moderne", libère le corps des contraintes rigides du ballet classique. Dans son sillage, d'autres pionnières comme Mary Wigman révolutionnent la danse en développant l'improvisation et l'usage libre du corps comme véhicule d'expression émotionnelle.

Parallèlement, le théoricien Rudolf Laban élabore entre 1910 et 1950 un système complet d'analyse du mouvement, d'abord en Allemagne puis en Angleterre. Ses travaux sur la cinétique humaine mettent en évidence le lien profond entre les composantes dynamiques du mouvement et l'expression de la personnalité.

Trois pôles principaux émergent alors :

  • Sur la côte est des États-Unis autour de Marian Chace dans les années 1940

  • Sur la côte ouest avec Trudi Schoop et Mary Whitehouse dans les années 1950

  • En Europe, avec les travaux de Rudolf Laban en Angleterre

Le rôle de Marion Chace et de l'ADTA

Marion Chace, née en 1896 à Providence, commence sa carrière comme danseuse après avoir étudié à la Denishawn School à New York en 1923. Elle ouvre ensuite sa propre école à Washington où, observant ses élèves, elle comprend que certains cherchent bien plus que des leçons techniques.

En 1942, elle franchit une étape décisive lorsqu'elle est invitée à travailler à l'hôpital psychiatrique St. Elizabeth à Washington, où affluent les traumatisés de la Seconde Guerre mondiale. C'est là qu'elle développe un programme intitulé "Danse pour la Communication", posant les bases de ce qui deviendra la danse-thérapie.

Sa rencontre avec la psychiatre Frieda Fromm-Reichmann enrichit encore son approche. Pour Chace, les tensions corporelles reflètent des traumatismes psychiques, et le mouvement devient un symbole de l'inconscient. Sa conviction que la danse pouvait être thérapeutique l'amène finalement à fonder l'American Dance Therapy Association (ADTA) en 1966, dont elle devient la première présidente, institutionnalisant ainsi cette discipline qui s'étend aujourd'hui dans plus de quarante pays.

Les grands principes de la danse-thérapie

Au cœur de la danse-thérapie se trouvent des principes fondamentaux qui font de cette pratique bien plus qu'une simple activité physique. Je vous invite à découvrir ces piliers essentiels qui structurent cette approche thérapeutique unique.

L'expression émotionnelle par le mouvement

La danse-thérapie s'appuie sur une idée simple mais puissante : le mouvement est l'expression corporelle de notre vie psychique, affective, intellectuelle et relationnelle. En dansant, nous pouvons exprimer des émotions souvent difficiles à verbaliser - tristesse, colère, joie ou peur. Cette forme d'expression non verbale est particulièrement précieuse pour ceux qui peinent à mettre des mots sur leurs ressentis.

Des études révèlent d'ailleurs que le corps communique plus précisément les émotions intenses que le visage seul. En effet, les participants reconnaissent mieux les émotions lorsqu'ils observent le corps plutôt que seulement les expressions faciales.

La connexion entre le corps et l'esprit

La danse-thérapie repose sur l'interconnexion profonde entre corps et esprit. Contrairement à la vision cartésienne qui les sépare, cette approche considère que "toutes activités du cerveau s'accompagnent et s'expriment par le mouvement". Par ailleurs, chaque geste devient ainsi une opportunité d'explorer notre intimité émotionnelle, révélant parfois des ressentis enfouis.

Le simple fait de bouger active le système de récompense du cerveau, libérant des neurotransmetteurs comme la dopamine, souvent appelée "hormone du bonheur".

L'importance de la créativité et de l'improvisation

Dans cette pratique, l'objectif n'est ni la performance technique ni l'esthétisme. C'est le processus créateur lui-même qui devient la base d'évolution psychique. L'improvisation, notamment, est régulièrement utilisée "comme processus d'émergence d'un soi incarné, comme libération d'une pulsion de vie".

Le rôle du groupe et du partage

Bien que la danse-thérapie puisse se pratiquer individuellement, la dimension collective apporte une richesse supplémentaire. En partageant des expériences dans un cadre bienveillant, les participants tissent des liens qui renforcent la confiance et l'estime de soi.

Le groupe agit comme un "filet de sécurité" offrant réconfort et encouragement lorsqu'un individu se sent submergé par ses émotions. Cette dynamique sociale crée un sentiment d'appartenance essentiel au processus thérapeutique.

L'intégration des ressentis après la séance

Une séance de danse-thérapie ne s'arrête pas au mouvement. Elle inclut généralement un temps de verbalisation et de partage qui permet d'intégrer l'expérience vécue. Ce moment précieux aide à "regarder ce qui a conduit à cette situation" et à transformer des difficultés en potentiels créatifs.

La réflexion sur l'expérience contribue ainsi à une meilleure compréhension de soi et favorise la croissance personnelle.

Quels sont les bienfaits pour le bien-être ?

Les bienfaits de la danse-thérapie s'étendent bien au-delà du simple plaisir de bouger. Cette pratique psychocorporelle offre des avantages profonds tant sur le plan physique que mental.

Libération des émotions refoulées

La danse-thérapie permet d'exprimer des émotions difficiles à verbaliser comme la colère, la tristesse ou le sentiment d'isolement. Les mouvements deviennent un langage corporel qui traduit nos états intérieurs. En effet, cette approche crée un canal pour libérer des tensions accumulées et des émotions refoulées. Ainsi, les sentiments profonds trouvent un espace d'expression sans nécessiter de mots.

Renforcement de la confiance en soi

Les études montrent qu'après 12 semaines de danse, l'estime personnelle augmente significativement. En explorant différents mouvements dans un cadre bienveillant, on développe une meilleure image de soi. Par ailleurs, les enseignants remarquent souvent que des jeunes habituellement timides prennent confiance lors des ateliers de danse-thérapie.

Réduction du stress et de l'anxiété

La danse stimule la production d'endorphines, ces "hormones du bonheur" qui réduisent naturellement le stress. Une étude publiée dans Psychology of Music démontre que danser régulièrement diminue les niveaux de cortisol, l'hormone du stress. En outre, cette pratique favorise un état de pleine conscience qui éloigne l'esprit des préoccupations quotidiennes.

Amélioration de la conscience corporelle

Cette approche aide à redécouvrir son anatomie et à faire remonter une foule de sensations oubliées. Elle permet notamment de se reconnecter à son corps dans un monde où nous en sommes souvent coupés. Durant les séances, les participants apprennent à observer leurs tensions physiques et à les détendre.

Stimulation de la vitalité et de l'élan de vie

Un programme de danse-thérapie de six semaines peut améliorer considérablement la vitalité et réduire la fatigue. Cette pratique procure une sensation de légèreté et d'énergie renouvelée. Après avoir dansé, les participants se sentent généralement à la fois énergisés, euphoriques et détendus.

Soutien dans les troubles émotionnels ou physiques

La danse-thérapie s'avère efficace pour atténuer divers troubles. Des études montrent son impact positif sur la dépression et l'anxiété. Pour les personnes atteintes de Parkinson, elle améliore la mobilité fonctionnelle et la stabilité posturale. Finalement, cette approche peut aussi soutenir les personnes isolées ou celles ayant subi des violences dans leur reconstruction psychologique.

Comment se déroule une séance de danse-thérapie ?

Une séance de danse-thérapie est une expérience unique qui s'adapte aux besoins de chaque participant. Je vous invite à découvrir les étapes essentielles de ce voyage thérapeutique à travers le mouvement.

Accueil et définition d'un objectif

Chaque rencontre débute par un accueil chaleureux qui établit un cadre de confiance. Un échange verbal initial permet d'exprimer ses émotions et son état physique dans le moment présent. Le danse-thérapeute crée alors un espace sécurisant où les participants peuvent s'exprimer librement. Parfois, un thème ou une intention spécifique est introduit pour orienter les mouvements vers un objectif thérapeutique.

Phase d'improvisation guidée ou libre

Ensuite, les participants s'engagent dans un échauffement pour activer le corps et le rendre présent. Le mouvement est majoritairement guidé et parfois improvisé, avec des intentions claires établies par le thérapeute. Cette phase permet d'explorer les thèmes exprimés en début de séance tout en accueillant le mouvement spontané.

Utilisation de la musique ou du silence

La musique accompagne souvent les séances pour favoriser la cohésion de groupe, tandis que le silence aide à mieux écouter son rythme intérieur. Les vibrations musicales contribuent à dénouer les tensions et faire tomber le stress. Par ailleurs, certains thérapeutes intègrent des objets inhabituels comme de grands ballons pour encourager la prise de conscience corporelle.

Exploration de différents types de mouvements

Durant la séance, les mouvements varient considérablement, allant de gestes simples et quotidiens à des mouvements plus dansés. Le thérapeute encourage l'exploration de mouvements lents et fluides, énergiques ou symboliques selon les besoins, l'aisance et les capacités des participants. Notons qu'il n'est pas nécessaire de savoir danser pour participer.

Temps de verbalisation et d'échange

Finalement, la séance se conclut par un moment de réflexion et de partage. Ce temps d'intégration permet de verbaliser les sensations vécues, de mieux comprendre certaines émotions et d'orienter les séances suivantes. C'est pendant cet échange que les participants peuvent partager leurs observations, ressentis et découvertes.

 

Questions fréquentes